PHÈDRE. Act1, Scène 3

PHÈDRE.

“Insensée, où suis-je ? et qu’ai-je dit ?
Où laissé-je égarer mes voeux, et mon esprit ?
Je l’ai perdu. Les dieux m’en ont ravi l’usage.
Oenone, la rougeur me couvre le visage,
Je te laisse trop voir mes honteuses douleurs,
Et mes yeux malgré moi se remplissent de pleurs.”

PHÈDRE. Act5, Scène 6

THÉRAMÈNE.

La timide Aricie est alors arrivée.
Elle venait, Seigneur, fuyant votre courroux,
À la face des dieux l’accepter pour époux.
Elle approche. Elle voit l’herbe rouge et fumante.
Elle voit (quel objet pour les yeux d’une amante !)
Hippolyte étendu, sans forme et sans couleur.
Elle veut quelque temps douter de son malheur,
Et ne connaissant plus ce héros qu’elle adore,
Elle voit Hippolyte, et le demande encore.
Mais trop sûre à la fin qu’il est devant ses yeux,
Par un triste regard elle accuse les dieux,
Et froide, gémissante, et presque inanimée,
Aux pieds de son amant elle tombe pâmée.
Ismène est auprès d’elle. Ismène toute en pleurs
La rappelle à la vie, ou plutôt aux douleurs.
Et moi, je suis venu détestant la lumière
Vous dire d’un héros la volonté dernière,
Et m’acquitter, Seigneur, du malheureux emploi,
Dont son cœur expirant s’est reposé sur moi.
Mais j’aperçois venir sa mortelle ennemie.”

Phèdre, Racine, 1697

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